Le Maître de Francfort est un artiste peintre flamand de la Renaissance, né à Anvers vers 1460, mort en 1533, également à Anvers. Il y est actif entre 1480 et 1518 et a dirigé un important atelier. Il est parfois identifié au peintre Hendrik van Wueluwe. Son nom de convention ne vient pas de son origine, mais du fait que ses œuvres les plus importantes ont été commandées pour des institutions ou par des commanditaires de Francfort.

Biographie et style

L'autoportrait de l’artiste avec son épouse porte l'inscription « 36 1496 27 », dont on déduit qu'il est daté de 1496, et que l'artiste a alors 36 ans et son épouse 27 ans. Le tableau comporte les armoiries de la guilde des peintres d'Anvers et indique que le maître y était actif. Il est parfois identifié au peintre Hendrik te Wueluwe qui était à l'époque un artiste célèbre à Anvers et qui est documenté depuis 1483, où il est admis comme maître peintre, jusqu'à sa mort en 1533. On ne connait aucune de ses œuvres, mais on sait qu'il a été six fois à la tête de la guilde des peintres, la guilde de Saint-Luc. Si les deux artistes sont la même personne, cela confirmerait l'appartenance du Maître de Francfort à la guilde. Mais ces dates, et le fait que Jan van Wuelewe, fils de Hendrik, est accepté comme maître peintre à Anvers en 1503, suggèrent que le Maître de Francfort était légèrement plus jeune.

Parmi les clients du Maître de Francfort figurent des marchands, la bourgeoisie aisée d'Anvers, les membres de la Maison de Habsbourg et de l'église des dominicains à Francfort. Max Friedländer a nommé ce maître d'après deux retables à Francfort, réalisés autour de 1500-1506. Il s'agit du retable de sainte Anne (« Annenaltar ») ou de la Sainte Parenté de l'église dominicaine de Francfort, qui se trouve maintenant au musée historique de Francfort, et du retable de la crucifixion (« Kreuzigungsretabel ») ou triptyque Humbracht, réalisé pour Klaus Humbracht (1440-1504), bourgeois de la ville, provenant probablement de l'église franciscaine des « Barfüsser » (nu-pieds) de Francfort (reconstruite maintenant comme église Saint-Paul de Francfort), qui est conservé au musée Städel de Francfort. Il est possible que l'artiste n'ait jamais séjourné à Francfort.

Contrairement à celle de ses contemporains tels que Quentin Metsys (1466-1530) ou Joos van Cleve (vers 1485-1540), l'œuvre du Maître de Francfort est moins influencée par le maniérisme que par le naturalisme de la peinture flamande du XVe siècle. Elle se rapproche des œuvres de Jan van Eyck ( à 1390-1441), Robert Campin (vers 1378-1444), Rogier van der Weyden (vers 1400-1464), et surtout de Hugo van der Goes (1440-1482) dans la présentation de foules de personnages qui peuplent ses nombreuses scènes religieuses : personnages trapus, robustes, terre-à-terre.

L'artiste et son atelier ont été très productifs. Parmi les quelque deux-cent cinquante tableaux recensés sous son nom, Stephen H. Goddard en attribue cent trente-et-un à l’artiste et à son atelier, dont trente-et-un de la main du maître,.

Œuvres profanes

Parmi ces nombreuses œuvres, beaucoup ont des thèmes religieux, mais il y a également des tableaux profanes, et ce sont parfois les plus remarquables par leur originalité.

Allégorie de l'amour

L'allégorie de l'amour est un thème que l'on retrouve souvent dans la littérature et les manuscrits de l'époque. Dans un vaste paysage, des femmes ont posé des pièges en forme de lacets pour capturer des hommes et leur amour. Le tableau symbolise le pouvoir des femmes sur les hommes; ceux-ci sont encore libres, dotés d'ailes, sur la partie gauche du tableau, alors que dans la partie droite, séparée par un fossé profond du reste du paysage restant, ils apparaissent profondément enlacés.
Un fou, tout à gauche du tableau, incite les hommes ailés venant de différentes couches de la société, nobles ou mendiants comme nobles, à succomber à l’amour. Deux des hommes montrent la scène au centre de l'image où une femme est sur le point de capturer un homme volant, et ainsi démontrent leur prise de conscience des dangers de l'amour. Dans la partie droite du tableau trois couples se trouvent dans un jardin d'amour. Les hommes ont perdu leurs ailes, leurs pièges ne sont pas délacés.
Le thème du jardin de l'amour était très populaire à l'époque et a été généralement représenté dans un format horizontal étiré, car il l'a souvent servi de décoration des coffres de mariage. Le panneau proposé ici a donc bien pu servir de spalliera, la partie supérieure de l'ornement d'un coffre de mariage(cassone dans l’art florentin), ou d'ornement d'un instrument à clavier, comme un clavicorde.

Schützenfest

Le Schützenfest ou Fête des archers est un autre des rares tableaux de cette époque avec un sujet non religieux. Le grand panneau (176 × 141 cm) montre un jardin luxuriant entouré d'une clôture, dont jouissent quelques dizaines de membres de la guilde des archers d'Anvers avec leurs femmes qui s'y retrouvent pour un évènement social. À l'entrée du jardin, un couple accueille les invités, l'homme tient deux cruches métalliques dans lesquels se trouvent peut-être les boissons du verre de bienvenue. C'est une fête de la schutterij, association des arbalétriers qui est une sorte de confrérie militaire, une milice citoyenne destinée à la protection d'une ville. Au milieu du jardin se trouve un jeune homme riche sous un dais qui porte en emblème une grande clé. Il semble présider à la fête et est entouré par un certain nombre de gardes armés. Devant lui, deux bouffons dansent sur la musique d'un musicien noir. La comparaison avec d'autres œuvres du XVe siècle montre que la danse est une « moresca » ou « danse des Maures », danse alors populaire. À côté, une femme présente un panier de pommes. Des garçons sont en train de se servir dans les pommiers. Les participants sont par couples, habillés soigneusement et richement, jeunes. Une femme en blanc porte son petit chien et entoure affectueusement un homme qui regarde le spectateur, et qui est peut-être le Maître de Francfort. Plus loin, un couple s'embrasse. La fête attire l'attention de nombreux spectateurs de tout âge qui s'agglutinent devant la clôture. Il semble aussi que des spectateurs ou des participants affluent depuis les châteaux-forts des environs.


Œuvres religieuses

Autres œuvres

  • Triptyque de la Crucifixion (triptyque Humbracht) panneau central 118,3 × 77,3 cm, volets 128 × 45 cm BALaT, au Musée Städel de Francfort
  • Adoration des bergers, Musée de Valenciennes;
  • Déploration Norton Museum of Art, West Palm Beach, Floride;
  • Sainte Barbe et Sainte Catherine The McNay Museum, San Antonio, Texas;
  • Vierge à l'Enfant avec Jean Baptiste, sainte Catherine et le donateur avec saint Pierre (vers 1496) Queensland Art Gallery, Brisbane, Australie.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Max Friedländer, Early Netherlandish Painting, vol. VII, Leyde/Bruxelles, Jakob, , 2e éd..
  • Martha Wolff, « Master of Frankfurt », dans Charles Sterling et. al. (éditeurs), Fifteenth- to Eighteenth-Century European Paintings in the Robert Lehman Collection, The Metropolitan Museum of Art / Princeton University Press, coll. « The Robert Lehman Collection,, Vol. II », (lire en ligne), p. 96-99.
  • Stephen H. Goddard, The Master of Frankfurt and his shop (thèse), Bruxelles, coll. « Verhandelingen van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Lettere en Schone Kunstent » (no 38), , 192 p..
  • Diane Wolfthal, « Review de Stephen H. Goddard. "The Master of Frankfurt and his Shop" », Renaissance Quartely, vol. 42, no 2,‎ , p. 328-330 (JSTOR 2861643).
  • Reindert L. Falkenburg, « The Master of Frankfurt and His Shop by Stephen H. Goddard », Simiolus:Netherlands Quarterly for the History of Art, vol. 17, no 4,‎ , p. 270-274 (JSTOR 3780621, lire en ligne ).
  • « Koller Auktion A164 Lot 3046 - du 18-3-2013 - 18-4-2013 ».

Articles connexes

  • Hugo van der Goes
  • Quentin Metsys
  • Robert Campin
  • Musée Städel
  • Musée historique de Francfort

Liens externes

  • Ressources relatives aux beaux-arts :
    • Art UK
    • Artists of the World Online
    • Bénézit
    • Collection de peintures de l'État de Bavière
    • Dictionnaire des peintres belges
    • ECARTICO
    • Musée du Prado
    • Musée Thyssen-Bornemisza
    • National Gallery of Art
    • RKDartists
    • Union List of Artist Names
  • Portail de la peinture
  • Portail de la Renaissance

10 mai 1871 Traité de Francfort l’AlsaceMoselle est annexée à l

Marché de Noël à Francfort

Carte de francfort sur le main Banque de photographies et d’images à

Maître de Francfort — Wikipédia

Maître de Francfort — Wikipédia